Edward Snowden avait à l’époque 29 ans lorsque, du jour au lendemain, tous les des médias du monde se sont braqués sur lui. En 2013, alors qu’il travaillait pour la NSA, il s’enfuit brusquement en emportant avec lui les secrets les mieux gardés de l’agence de renseignement Américain. Des secrets qu’il révéla au monde.
Des révélations qui bouleversèrent la géopolitique mondiale
Et l’effet de ses révélations fut aussi puissant qu’un séisme de très forte magnitude. Il expliqua dans les détails comment le gouvernement des États-Unis collecte et analyse en secret toutes les choses les plus intimes de notre vie : nos recherches Internet, nos achats sur Amazon, nos lectures de livres numériques, nos vies sur les réseaux sociaux, nos messageries, nos conversations téléphoniques, nos SMS, nos MMS et nos e-mails… etc. L’objectif ultime de la NSA étant d’établir un système de surveillance de masse sans précédent, capable de s’infiltrer dans le cerveau et la vie intime de chaque personne vivant sur la planète. Il va sans dire que la NSA a très moyennement apprécié cette trahison et rêve de poursuites judiciaires contre Edward Snowden aujourd’hui réfugié en Russie.
Dans son autobiographie sortie le 17 septembre sous le titre français « Mémoires vives » -intitulé « Permanent Record » dans la version américaine-, Edward Snowden révèle pour la première fois les détails de sa participation à la mise en place de ce système ainsi la crise de conscience qui l’a conduit à tout révéler au public. Une crise de conscience en partie évoqué dans « Citizen Four », l’extraordinaire documentaire que Laura Poitras lui a consacré, ainsi que dans « Snowden », le film d’Oliver Stone qui retrace une partie de son histoire
« Mémoires vives », une autobiographie qui dérange
Suite à la sortie de son livre, et alors qu’il est déjà inculpé au pénal pour espionnage et vols de secrets d’État, l’ancien informaticien de 36 ans se voit de nouveau attaqué par le gouvernement américain qui, semble-t-il, voudrait l’amputer de ses ressources financières. Dans la plainte qu’il a déposée, le gouvernement lui reproche d’avoir publié un livre contenant des informations sur la CIA et la NSA « sans avoir soumis le manuscrit » à ses anciens employeurs en violation totale des clauses de confidentialité de ses contrats de travail. Le gouvernement Américain reproche également à Edward Snowden d’avoir prononcé ces dernières années plusieurs discours rémunérés sans l’aval de ses anciens employeurs ce qui constitue, là aussi, une violation de ses engagements.
En guise de dédommagement, le gouvernement Américain réclame l’ensemble des revenus tirés de son l’autobiographie, ceux d’éventuelles futures adaptations cinématographiques ainsi que toutes les sommes touchées pour ses interventions publiques. Et il demande évidemment au tribunal de prononcer une injonction en urgence pour empêcher ses éditeurs américains de lui transférer des fonds. Symbole de la crispation de l’administration Américaine face à cette situation, Jody Hunt, un Haut responsable au ministère de la Justice, a même déclaré, je cite : « Nous ne permettons pas à des individus de s’enrichir aux dépens des États-Unis. Son livre et ses discours ont causé du tort aux Etats-Unis en érodant la confiance du public envers la CIA et la NSA alors que Snowden s’est injustement enrichi dans ce processus. »
De son côté, Edward Snowden réagit en répondant sobrement sur Twitter : C’est dur d’imaginer une meilleure attestation d’authenticité qu’une plainte du gouvernement américain.
Probablement nous faut-il en effet voir dans cette plainte une validation des informations du lanceur d’alertes et donc une nécessité absolue de lire ce livre…
Sa vie est aujourd’hui dans un impasse
Porté par la passion sans faille d’un homme d’une inébranlable sincérité, « Mémoires vives » est un témoignage exceptionnel. Le récit de l’histoire unique d’une personnage au courage hors norme qui a risqué sa vie et sacrifié sa liberté pour ce en quoi il croit.
Edward Snowden est aujourd’hui toujours bloqué en Russie où il vit maintenant depuis 6 ans et où il risque de se faire expulser en 2020. Alors qu’il a demandé pour la 3ème fois l’asile politique à la France -les deux premières fois, c’était sous la présidence de François Hollande qui le lui a refusé-, Emmanuel Macron, par la voix de son ministre Jean-Yves Le Drian, semble exclure lui-aussi de le lui accorder…